Troubles de
la personnalité borderline (état limite).
Qu'est-ce que le
DSM ? la CIM ?
"Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux".
Le DSM est-il
utile, voire indispensable ou alors «dangereux» ?
Un médecin
psychiatre peut-il au 21 ème siècle être un bon médecin s’il n’utilise
pas le DSM ?
L'association
française de psychiatrie contre le DSM ?!
Peut-on parler
d’exception psychiatrique française ?
Introduction
Au-delà de
ce titre polémique se pose un problème beaucoup plus grave que sont
des modes de fonctionnement très différents des médecins psychiatres
et ce, jusqu’à se poser la question si l’attribut «psychiatre»
n’élimine pas le mot «médecin» dans certains cas. (l'attribut
"psychiatre" entraînant un attribut "psychothérapeute").
Pourquoi ce DSM
est-il si rejeté par de si nombreux médecins psychiatres français,
est-ce légitime ? Un médecin psychiatre peut-il de nos jours exercer
en niant totalement le DSM ? Quelle(s) alternative(s) au DSM ?
A noter que le DSM
5 a remplacé le DSM IV.
Sommaire titres principaux
Qu’est
ce que le DSM ?
Quel
est le rôle d’un médecin ?
Peut-on
ignorer le DSM ?
Mais
on peut être un bon praticien tout en
n’utilisant pas le DSM ?!
Point de vue du Docteur Christian Vasseur,
président de l’association française de psychiatrie (AFP)
Point de vue du Docteur J Cottraux, unité des
troubles d'angoisse, hopital neurologique de lyon.
Point de vue du Docteur D Bourgeois, chef de
service, Avignon.
Les
AXES
Questions
posées au conseil national de l'ordre des
médecins français.
Est-il
possible de respecter la Declaration de Madrid...
sans utiliser le DSM (ou la CIM) ?
Pourquoi
l'AAPEL parle plus du DSM que de la CIM
?
Et
la Suisse ? Point de vue de D. Page responsable
du service de psychiatrie adulte, Hôpital de Prangins (Suisse)
Mais
pourquoi tant de «haine» ?
Code de déontologie
médicale des médecins français (droit au
diagnostic et à l'information).
Commander l'ouvrage
"le
DSM" en français.
Qu’est
ce que le DSM?
- Pour faire
simple, le DSM est la «bible» mondiale des troubles psychiatriques
dont l’objet est de permettre une aide au diagnostic et de faire en
sorte que les spécialistes mondiaux aient un «langage» commun afin
de partager les progrès des expériences en la matière.
- Le DSM voit le
jour en 1952, suivi par le DSM II en 1968 et surtout le DSM III en
1980 et le DSM IV en 1994 et la dernière révision de l'ouvrage
le DSM IV TR (dsm 4 tr) en 2OOO. Le DSM 5 ne devrait pas
voir le jour avant l'année prochaine (autour de 2013 selon le
site http://www.dsm5.org/timeline.cfm).
Le
DSM selon leurs auteurs, liens avec la CIM 10
- Le DSM V a lui vu
le jour en 2013 .
- * "L'association
psychiatrique américaine a édité une quatrième édition de son Manuel
Diagnostic et Statistique des troubles mentaux en 1994.
- Importance du
DSM-IV pour le diagnostic psychiatrique. Le diagnostic est le
fondement de n'importe quelle pratique médicale, et le vingtième
siècle a assisté à une révolution dans la capacité de la médecine à
identifier -- et traiter les maladies qui empoisonnent
l’existence de l'humanité. (aapel: il n’y a qu’à voir
l’augmentation de l’espérance de vie chez les pays riches)
- En plus de son
utilité comme outil diagnostique, la codification DSM IV des
troubles mentaux apporte son aide dans le processus de collecte et
récupération de données de recherches, et aide également les
chercheurs à compiler l'information pour des études statistiques.
- Les codes
DSM-IV sont en accord avec la classification internationale des
maladies, neuvième édition, modification clinique (Icd-9-cm).
L’Icd-9-cm est basé sur la publication Icd-9 de l'organisation
mondiale de la santé (OMS) utilisée dans le monde entier pour
faciliter l’émergence de diagnostics médicaux cohérents"
(“Psychiatric Diagnosis and the Diagnostic and Statistical Manual
of Mental Disorders Fourth Edition DSM-IV”, http://www.psych.org/public_info/dsm.pdf)
- Q: Pourquoi ce coté "statistique"
au sujet du manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux?
- R: Le mot
"statistique" dans le nom du manuel est une survivance à un
des usages originels du DSM pour faciliter la collecte de
statistiques d'hôpitaux au début des années 50 et 60. Bien que
les diagnostics psychiatriques soient toujours une partie importante
de la conservation d’informations, l'usage principal du DSM est
"diagnostic." Pour des raisons historiques, nous avons gardé
le nom "DSM."
- Q: Quel est le statut de l’ICD-10?
(CIM 10)
- R: L’ICD-10,
dixième révision de la Classification Internationale des Maladie
(CIM), a été publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
en 1993. Le DSM-IV et le DSM-IV-TR ont été développés avec un but de
compatibilité explicite avec l’ ICD-10.
Quel
est le rôle d’un médecin?
- Si l’on s’en
réfère au code de déontologie médical
français: «La démarche
diagnostique est la première étape de toute prise en charge d'un
patient»
- Ainsi que «La médecine demande que l'on reconnaisse la
nature et l'origine du mal, pour le soigner d'une manière
adéquate» (A noter que le conseil de l'ordre est très
clair sur ce point).
Le
médecin psychiatre est-il un médecin ?
- Aucun patient
qui va consulter un médecin psychiatre
ne se pose à priori cette question.
- Nombreux
d’ailleurs sont ceux qui font ce choix du médecin psychiatre et non
du psychologue, du psychothérapeute ou du psychanalyste non médecin,
parce que justement ils auront à faire à un médecin.
- Mais alors
pourquoi poser cette question?
- Tout simplement
parce qu'il existe encore de nombreux médecins psychiatre (en
France) qui se refusent à poser tout diagnostic et ce, même
lorsque leur patient le leur demande.
Pourquoi
certains médecins psychiatres ne posent pas de diagnostic et en
ont-ils le droit?
- Si l’on s’en
réfère à leur code de
déontologie des médecins, la réponse est clairement
«non».
- Quant à la
première partie de la question, le problème est de savoir si ces
médecins ne posent pas de diagnostic ou s’ils refusent de le fournir
à leur patient.
- Pour ce qui est
de leur motivation, je pourrais la résumer à «
Le cerveau humain ne peut se résumer à un organe comme les
autres et un diagnostic psychiatrique est trop réducteur » (NDLR
Ce qui n'est pas forcément faux).
Enoncer
que l’on refuse le principe même du diagnostic dans le respect de la
personne humaine est louable, non ?
- Absolument, et
ce n’est pas moi qui dirait le contraire. Mais au-delà de ces
considérations "humanistes" et nécessaires, peut-on soulager la
souffrance d’une personne sur le plan médical
sans faire usage du diagnostic ?
- Ma conviction
est que non, comme je le développe un peu plus loin.
Un
médecin psychiatre a-t-il le droit, pour des raisons philosophiques
de ne pas faire de diagnostic ?
- Le problème est
de savoir si par exemple il est «psychanalyste» ou «médecin»?
- Je ne vois pas
comment un médecin psychiatre aurait le droit de penser que l’on ne
peut pas faire de diagnostic en psychiatrie et prétendre rester dans
le même temps un «médecin-psychiatre» !
- Si certains
pensent qu’il ne peut pas exister de diagnostic en psychiatrie,
pensée totalement respectable (le débat n'est pas sur la
véracité ou non de cette affirmation), alors le
«médecin-psychiatre» ne peut pas exister !
- Si vous, patient, partagez une
vision «humaniste» de la théorie psychanalytique et que vous allez
voir un psychanalyste alors le contrat est «honnête», vous n’aurez
aucun diagnostic et ce n’est pas pour cela que vous allez le voir.
- La où je pense qu’il y a une forme
«d'escroquerie», non-respect du code
de déontologie (comme cela est confirmé par le
conseil de l'ordre) et donc non-respect de la personne
humaine, c’est lorsque vous allez consulter un médecin psychiatre et
que du fait que ce médecin psychiatre est par exemple aussi un
«psychanalyste», celui ci pourra se refuser à tout diagnostic ou
tout refus de vous fournir un diagnostic qu’il aurait fait.
- Dans ce cas, à quoi bon aller voir
un médecin si c’est pour ne pas avoir à faire à un médecin !
Peut-on
utiliser le DSM tout en adhérent à des théories psychanalytiques ou
les deux sont-ils "incompatibles" ?
Le DSM est un outil
diagnostic et non un outil de traitement, je ne vois donc pas
pourquoi il ne serait pas possible de diagnostiquer un patient sur
des critères DSM puis de le traiter par une forme ou autre de
thérapie analytique ou d'inspiration analytique.
De nombreuses
études ont été publiées par des psychanalystes de renom et qui ont
diagnostiqué les patients concernés sur les critères DSM.
Certains
médecins pensent, parfois à juste titre, que le diagnostic
psychiatrique est stigmatisant,
voire «contre productif»
- Il est exact
que le code de déontologie médical autorise dans de très rares
exceptions de dissimuler
à un patient son diagnostic pendant un certain temps, mais
cela doit être de l’ordre de l’exceptionnel
- Il se trouve
que de très (trop) nombreux médecins psychiatres se refusent
à tout diagnostic parce que cela est contraire à leur «éthique» et
bien je suis désolé de le dire ainsi, mais ils n’ont alors qu’un
seul et unique devoir c’est celui de démissionner car cette
attitude, moralement respectable, est de fait «illégale» et je m’en
explique.
- La normalité
est qu’un médecin a obligation de faire un diagnostic et
d’informer son patient, le reste doit être du domaine de l’exception
- Alors même que
ce refus de diagnostic est moralement respectable dans l’absolu il
devient moralement condamnable dès lors qu’un patient qui croit
consulter un médecin est face à une personne qui ne l’est plus de
fait. (A noter qu'en France, l'assurance maladie couvre les
actes médicaux de médecins et pas les autres).
Mais
mon médecin peut être formé et
compétent pour me soulager sans pour autant établir un
diagnostic ou me le fournir ?
- Je suis désolé
mais le débat n’est pas la pour l’instant.
- Il n’est pas
sur la capacité d’un individu (médecin ou pas) à vous
soulager mais sur ses obligations morales
en tant qu’appartenance à un corps de métier.
- Si votre
médecin vous soulage, ce que je ne nie pas, alors qu’il ne vous a
fait aucun diagnostic et ou qu’il ne vous a pas fourni ce
diagnostic, c’est qu’il n’agit plus en tant que docteur en médecine
mais uniquement en psychothérapeute ou psychanalyste.
- Pire que cela,
si il vous prescrivait des substances psychotropes alors même qu’il
n’aurait pas établi un diagnostic, il serait en contradiction avec
l’article 33.
- D’un coté
M. Vasseur, président de l'AFP crierait
au scandale parce qu’il existe des psychothérapeutes non
médecin et de l’autre coté il sous entendrait par ses propos que les
médecins psychiatres n’auraient pas à se comporter comme des
médecins à part entière tel que le leur commande le code de
déontologie de la profession ??? «Logique» pour le moins
«intéressante» mais désarçonnante et inquiétante.
- Au risque de me
répéter, un médecin psychiatre a obligation de se comporter en
médecin, ce n’est pas moi qui le dit mais son règlement
et ce débat ne devrait pas exister (ce n'est pas moi qui le dit
mais le conseil de l'ordre).
- Si le médecin
psychiatre n’était pas un médecin alors sa profession n’aurait plus
lieu d’être car elle ferait alors double emploi avec les autres
professions comme celle de psychologue par exemple.
- L’existence
même d’une spécialité en médecine qui se nomme «médecin spécialiste
psychiatre» est la reconnaissance de la spécificité d’une profession
de médecins qui sont la pour traiter et soigner des maladies
mentales !
A
propos du DSM, peut-on aujourd’hui l’ignorer ?
- Que l’on trouve
le DSM utile ou qu’on le considère "néfaste" voire "dangereux", seul
un aveugle pourrait ignorer qu’il est devenu l’outil
de référence mondial.
- Ceux qui
croiraient pouvoir le "combattre" en le détruisant sont
«sympathiques» car d’une naïveté déconcertante.
- La réalité des
faits est que si l'on désire "combattre" le DSM, on ne peut que le
"combattre" de l’intérieur. L’histoire va dans le sens d’une plus
grande présence de celui ci, il appartient donc à ses «opposants»
déclarés de se faire entendre pour le faire évoluer dans un sens
qu’ils penseraient «favorable» à l’individu.
(bis)
Peut-on en 2020 faire encore l’économie du DSM (ou de l’icd /
CIM) ?
- La réponse est
«oui», la preuve en est que de très (trop) nombreux médecins
psychiatres français ont un rictus dédaigneux, amusé ou méprisant
lorsque l’on parle du DSM. «Comme si cet outil pouvait apporter
quoique ce soit !» (Il n’y qu’à lire les propos
du docteur Vasseur, président de l’association française de
psychiatrie pour s'en convaincre).
Mais
vous reconnaîtrez bien que le DSM est loin d’être parfait, qu’il
présente des inconvénients ?
- Qui vous dit le
contraire?
- Bien sur qu’un
mauvais usage du DSM peut être dangereux du moment où on l’utilise
dans le simple but de mettre les gens dans une case avec la
quasi-impossibilité de les faire sortir ou changer de case.
- Mais qui a dit
que le diagnostic était une fin en soit ?
- La question
n’est pas de savoir si le DSM est «dangereux» mais de voir si son
«non-usage» ne serait pas éventuellement encore plus «dangereux»
qu'une mauvaise utilisation de celui-ci.
Bon
pour vous quels sont les avantages du DSM ?
- De nombreux
spécialistes voient le DSM comme l’émergence de "l’arbitraire".
- Ex: "Vous
n’avez que 5 points sur 9? Alors vous ne pouvez pas être «bipotruc»
ou inversement, vous avez 6 points sur 9 donc vous êtes
«bipomachin»"
- Selon
moi c’est tout le contraire, car le DSM permet justement d’éliminer
un peu d’arbitraire et de donner du pouvoir, donc de l’existence au
patient.
- Pour de
nombreuses personnes, la reconnaissance de leur souffrance passe
par la reconnaissance et l’adhésion à
un diagnostic. «Si je souffre ainsi, ce n’est pas
parce que je suis ‘incapable’, que je suis ‘nul(le)’ mais parce
que je suis malade ».
En tenant un
patient en dehors d’un diagnostic vous le laissez dans la
culpabilité du constat de son incapacité à en sortir par lui-même.
Il me semble qu’à la base, c’est bien le rôle d’un médecin (psychiatre
ou pas) de soigner des malades, non ?
- De plus, en
l’absence d’outils diagnostic commun, le patient est impuissant.
On lui énonce un diagnostic, il n’a aucun moyen de savoir sur quoi
il repose. Pire que cela, en allant voir un autre praticien, il y
a une probabilité non négligeable pour qu’on lui énonce un autre
diagnostic. C’est d’ailleurs selon moi une des raisons pour
lesquelles les adversaires du DSM sont en général les adversaires
du diagnostic car leur éventuel diagnostic ne repose que sur un
arbitraire ou des apprentissages flous.
Quand bien même
le DSM est «arbitraire» dans ses «catégories», tout le monde
dispose du même «arbitraire», du même langage ce qui est largement
mieux que «la parole du savant non vérifiable », du «moi je sais».
- Un patient
souffrant pas exemple de trouble de la personnalité borderline
peut tout à fait se reconnaître dans les critères DSM du trouble
et ainsi adhérer à un diagnostic et un traitement, mais comment
peut-on «naturellement» se reconnaître soi-même comme «à la limite
de la névrose et de la psychose» !
- Le DSM permet
aussi selon moi d’envisager toutes les possibilités, permet de ne
pas passer à coté d’une pathologie que l’on n’aurait pas envisagée
à priori.
- Le DSM est un
point d’entrée, une base de travail qui permet de cerner les
problèmes. Par exemple «vous avez les critères d’un trouble de la
personnalité borderline et évitante et vous souffrez aussi de
trouble alimentaire ou de dépression ». Ces informations sont une
mine d’informations et de points de départs sur un travail en
profondeur et un traitement adapté à l’ensemble de ces
pathologies de cette personne
- Et enfin, le
DSM est utile voir indispensable, selon moi, à tout bon traitement
et ce alors même que ce n’est qu’un outil diagnostic (je
développe un peu plus loin dans ce texte).
Le
DSM ne serait pas fiable ?
- Soit et
pourquoi les milliers d’études publiées disent le contraire ?
- Par exemple de
nombreuses études dans le cas du trouble de la personnalité
borderline ont prouvé la reproductibilité des résultats. La France,
grand défenseur des droits de l’homme, serait quasiment le seul pays
qui n’aurait pas été aveuglée par l’émergence d'un "totalitarisme
DSM" ?
- Pourquoi de si
nombreuses personnes se reconnaissent dans la définition du trouble
tel que nous la présentons ? Ne serait-ce pas parce qu’ils ont tous
de nombreux points en commun ?
- Mais soit,
supposons donc que le DSM n’est pas fiable, ok, mais quel outil
«fiable» vous proposeriez en lieu et place du DSM ? Aucun ? On
s’approcherait alors de la science infuse.
Le
DSM ne serait fait que pour la recherche et les statistiques ?
- De nombreux
détracteurs du DSM se basent sur le fait que le DSM était à
l’origine un outil statistique. Mais nombreux sont ces même
détracteurs qui reconnaissent que le DSM est utile pour tout ce qui
touche à la recherche, notamment parce qu’une base commune est
nécessaire.
- Si dans un pays
j’appelle «grippe» une «angine», il va devenir «compliqué»
d’analyser les effets de la grippe sur ma population et d’utiliser
les résultats de l’étude.
Mais
on peut être un bon praticien tout en n’utilisant pas le DSM ?!
- Voilà une
question très intéressante. Peut-on au 21ème siècle être un bon
praticien tout en n’utilisant pas le DSM en clinique (avec les
patients) ?
-
- Une fois encore
je n’ai jamais dit que le DSM était «formidable», «parfait», la
preuve en est que les définitions que nous donnons de l’état limite
sur le site sont calquées sur le DSM, je dis bien «calquées», mais
revenons à la question.
- Partons donc de l’hypothèse que «je
peux être un bon praticien tout en n’utilisant pas du tout le DSM»,
je me place donc comme si j’étais un médecin psychiatre (ce que
je ne suis pas, bien sur)
- Je suis
médecin (et non psychologue, etc), j’applique donc ma
déontologie qui me dit
- Article
33 «La démarche diagnostique est la première
étape de toute prise en charge d'un patient»
- Article
11 «le médecin n'a pas le droit de ne pas
être au courant des progrès de la médecine, dans tous les
domaines, clinique, biologique, technique…»
- Article
33 Le but étant que j’applique à mon patient le
traitement le plus adapté. «Ce qui constitue une faute c'est de
ne pas chercher à faire le diagnostic, avec tout le soin
nécessaire, de rester dans le vague en confiant au hasard les
suites, de prescrire un traitement standard sans discrimination»
- Article
109 Tout médecin... doit
affirmer devant le conseil départemental de l'ordre qu'il a eu
connaissance du présent code et s'engager sous serment et
par écrit à le respecter.
- Pour ce
faire, je dois bien utiliser des outils diagnostics, un diagnostic
ne sort pas de mon chapeau, j’utilise notamment la technique du
diagnostic différentiel (ça peut être ça, ça ou ça).
- Une fois le
ou les diagnostics établis, je fournis un traitement adapté à mon
patient que ce traitement soit chimique et ou psychothérapeutique.
(Si je fournis le même traitement à tous mes patients alors je
ne respecte pas ma déontologie dans le respect du patient)
- .
- Tout
ceci est-il possible sans faire usage du DSM ?
- Article 11 «
le médecin n'a pas le droit de ne pas être au courant des progrès
de la médecine, dans tous les domaines, clinique,
biologique, technique… »
- > Il
se trouve que l’immense majorité des études psychiatriques
actuelles se basent sur le DSM III R, le DSM IV ou le DSM IV
TR ou le DSM V. Comment pourrais-je être au courant de tous
les progrès de la médecine dans ce domaine si par exemple
j’ignore les milliers de publications scientifiques portant
sur l’état limite de populations diagnostiquées borderline
mais sur les critères DSM !
- .
- Article 33
«Ce qui constitue une faute c'est de ne pas chercher à faire le
diagnostic, avec tout le soin nécessaire, de rester dans le
vague en confiant au hasard les suites, de prescrire un
traitement standard sans discrimination»
- > Soit,
je suis au courant des dernières recherches, mais je n’utilise
pas le DSM comme outil diagnostic pour mes patients
- >
Comment pourrais-je alors appliquer à mon patient les
résultats des différentes recherches si je n’ai pas
diagnostiqué mon patient sur les mêmes critères
diagnostiques des dites recherches ?
- >
Par exemple, j’estime que mon patient a un état limite, je me
base sur le fait qu’il n’est ni névrosé, ni psychotique mais
«entre les deux»… Et je vais lui appliquer les résultats des
études faites sur des patients «états limites» mais
diagnostiqués avec les critères DSM? Mais de quel droit! En
quoi mon patient ferait-il parti de la même population
clinique alors qu’il n’est pas diagnostiqué avec les mêmes
critères?
- Pourrais-je
affirmer que mon patient a eu un «bon» traitement alors que
je lui applique les résultats d’études pour lesquelles il
est possible (probable) qu’il ne corresponde pas?
- .
- >
Autre exemple inverse. J’estime que mon patient ne souffre pas
d’état limite parce que je pense qu’il n’est pas à la
frontière entre la névrose et la psychose. Il se trouve que
mon patient répond aux critères DSM d’un état limite mais cela
je l’ignore totalement parce que je n’utilise pas cet outil.
Mon patient ne va donc pas bénéficier des résultats des
milliers d’études scientifiques publiées à ce sujet. Je vais
donc appliquer à mon patient un traitement qui ne tient pas
compte des progrès dans le domaine (pourquoi lui
donnerais-je la molécule X plutôt que la molécule Y même si
les études prouvent que la molécule X est plus adaptée aux
«états limites DSM»)
- Pourrais-je
affirmer que mon patient a eu un «bon» traitement alors que
je ne lui applique pas les résultats d’études pour
lesquelles il correspond?
- Il me semble
que les choses sont claires, limpides même.
- Quand bien même
le DSM serait ou est un mauvais outil (ce que je ne partage pas),
cet outil est semble t’il utilisé par des centaines de milliers de
praticiens.
- Aucun
chercheur qui voudrait être publié dans le monde ne peut aujourd’hui
s’en passer !
- En décidant
d’ignorer le DSM pour des raisons «morales», j’empêche mon patient
de disposer des progrès des études publiées dans ce domaine, je
l’empêche donc de bénéficier du traitement le plus à même de le
soulager.
- Comment
pourrais-je alors ne pas être "condamnable" aux yeux de ma
déontologie alors même que je m’exclus volontairement de la
communauté scientifique internationale !
- Il serait quand
même pour le moins étrange de prétendre que le progrès existe (avant
Freud, point de névrose et de psychose ou de pervers) mais que
celui-ci se serait arrêté il y a environ un siècle.
- Il est exact
que c’est mon droit et même mon devoir d’agir ainsi si je pense que
le DSM est «néfaste» mais j’aurais alors aussi le devoir de rendre
mon tablier de «docteur en médecine» car je déciderais sciemment de
m’opposer au code de déontologie de
mon ordre et du code de santé publique qui m’oblige à
respecter mon code (article 109) et à intégrer les
résultats des études scientifiques.
- Bien entendu il
me reste la possibilité de nier les études de la communauté
internationale des vingt dernières années… mais alors là, comment
arriver à convaincre que je ne rentre pas dans le communautarisme et
la démarche sectaire ?
Peut-on
au 21ème siècle être un médecin psychiatre formé et «compétent»
tout en ignorant le DSM?
- (vous
noterez que 1) je dis bien médecin psychiatre, je ne cite
pas les autres intervenants du monde psy et 2) que j’utilise le
mot «ignorant» et non le mot «critiquant»)
- Si l’on s’en réfère aux propos
surprenants du président de l’association française de psychiatrie,
c’est plutôt en utilisant le DSM qu’un médecin psychiatre
deviendrait «incompétent»
- Mais permettez-moi de répondre à
cette question par une autre question.
- Comment (c’est
mon opinion) un médecin psychiatre qui n’utilise pas
(à bon escient) le DSM dans son approche avec ses patients
pourrait être compétent(formé) dans un domaine en
perpétuelle évolution alors qu’il se prive volontairement de
l’immense majorité des études scientifiques mondiales (études
qu’il dénonceraient donc comme «non» scientifiques) !
Propos
tenus en 2OO2 par le docteur Christian Vasseur, président de
l’association française de psychiatrie (AFP)
- «Aujourd’hui,
c’est des classifications qu’il est question. Il se trouve que nous
sommes à l’AFP bien placés pour parler de ce sujet puisque nous avons dénoncé l’usage abusif qui pouvait
être fait du DSM et de la CIM 10 depuis plus de
dix ans, organisé réunions et colloques dans ce sens, publié
régulièrement et même centré l’essentiel des interventions
françaises, lors du Jubilé de l’Association Mondiale de Psychiatrie
qui s’est tenu en JUlN 2OOO à Paris, sur ce thème…
- Il se trouve
qu’en France, contrairement à d’autres pays, nous avons la chance
d’avoir un corpus psychopathologique constitué, qui s’est étoffé au
cours du temps et est régulièrement remis en cause afin d’en ajuster
la pertinence en fonction de l’évolution de la société et des
connaissances cliniques. Ceci nous a
protégés des séductions des classifications anglo-saxonnes
issues de la statistique et qui sont maintenant
remises en cause par les Anglo-Saxons eux-mêmes…
- Notre
pratique reste celle de l’humanisme scientifique médical pour
lequel la question du sujet est centrale. Il
est vrai que cette attitude n’est pas toujours bien perçue par
l’industrie pharmaceutique ni par les pouvoirs publics qui, par
intérêt mal compris ou orienté de gestion et de rationalisation des
dépenses, sont tentés d’imposer aux
psychiatres des classifications qui, bien que faisant
consensus international, ne sont pas pour autant des
références scientifiques à retenir pour notre pratique.
- Encore une
fois, ce sont là des dérives que nous avons dénoncées dès leur
apparition et, actuellement, seuls les
pouvoirs publics, les statisticiens et les unités de
recherche, ainsi que l’industrie pharmaceutique cherchent
encore à en passer par ces classifications rejetées par tous
les praticiens» (C. Vasseur,
«Disqualification de la PSYCHIATRIE», Association Française de
Psychiatrie Décembre 2OO2)
- AAPEL:
Difficile d’être plus clair, non ? Que fit l’AFP:
- D'après ce que
j'en comprends, les médecins psychiatres français seraient donc
«humanistes» (au contraire des anglo-saxons) et «protégés»
(terme employé par C. Vasseur) des classifications
anglo-saxonnes, en clair, principalement du DSM.
- Les membres de
l’association française de psychiatrie (AFP) seraient donc
des "scientifiques" alors que le reste de la planète ne le
serait pas du fait que leurs "références scientifiques ne sont
pas à retenir". L’objectif est donc
clair, le DSM ne rentrera pas !
- Ceci répond à
une des questions posées en préambule… une réalité qui fait
qu’aujourd’hui un patient qui met les pieds dans le cabinet d’un
médecin psychiatre n’a strictement aucune idée de la personne qu’il
aura en face de lui !
Point
de vue du Docteur J Cottraux, unité des troubles d'angoisse, hopital
neurologique de lyon
"J'ai lu
attentivement votre document sur le DSM. (AAPEL, Version du 16
février avant intégration de ce présent témoignage)
Je pense qu'il
pose plusieurs questions
1)
La nature du DSM
On oublie
trop souvent que le DSM est une classification multiaxiale qui tient
compte à la fois de cinq dimensions.
Axe
1- Du syndrome |
(AAPEL:
En gros les troubles mentaux comme la depression,
schizophrénie, etc) |
Axe 2- De
la personnalité |
(AAPEL:
Les troubles de la personnalité, ex "borderline", etc) |
Axe 3-
Des maladies physiques |
(AAPEL:
Si la personne a des maladies qui pourraient influer sur
le mental, ex diabète, cancer, etc) |
Axe 4-
Des facteurs sociaux de stress |
(AAPEL:
Des problèmes psychosociaux ou d'environnement, ex
éducatifs, économiques, légaux, etc) |
Axe 5- Du
fonctionnement global de la personne |
(AAPEL:
Echelle de 1 à 100 ex entre 80 et 100 la personne
"fonctionne", en dessous de 50 problèmes sérieux , en
dessous de 30 délires l'hospitalisation sera sans doute
necessaire, etc) |
2)
L'absence de vue réductrice
Loin d'être
réducteur, il permet d'envisager la présence de plusieurs syndromes en
même temps que de plusieurs troubles de personnalité et le
fonctionnement global de la personne face aux événements qui lui
arrivent (Axe 4) et à la maladie. Il est donc moins "simpliste" qu'une
nosographie du type : psychose, névrose, perversion dont on se
contente trop souvent en France.
.
3)
Le caractère clinique du DSM
Comme vous le
soulignez, le DSM est compatible avec l'ICD-10 élaboré à Genève par
l'OMS et il existe une "clé" pour passer de l'un à l'autre.
Le DSM n'est pas
purement un manuel pour les chercheurs. Il
est utilisé quotidiennement sous sa forme abrégée par des
dizaines de milliers de cliniciens ou d'étudiants en psychiatrie
ou psychologie.
Il n'a pas été élaboré par des partisans exclusifs de la neurobiologie
mais par un groupe d'experts qui comprenait des psychiatres et des
psychologues.
Enfin c'est un
instrument évolutif qui est périodiquement révisé par des mises à jour
provenant aussi bien d'études sur le terrain clinique que de la
recherche clinique ou de la recherche plus fondamentale.
.
4)
Le caractère européen et intégratif du DSM
Il faut noter qu'en
France le DSM a été un succès de librairie inattendu pour les éditions
Masson. Il est l'ouvrage de
psychopathologie de référence malgré (ou à cause)
des critiques de principe qui n'opposent rien de précis.
Le DSM, en effet,
n'est pas particulièrement américain dans sa description des syndromes
: il se contente d'intégrer les données issues de la psychiatrie
française, allemande et plus rarement anglo-saxonne du dix-neuvième
siècle, et du vingtième siècle et de les systématiser. Sa description
des troubles de personnalité tient compte de données issues de la
psychanalyse classique. L'ICD-10 a même critiqué le DSM comme étant
trop axé sur une description psychanalytique de la personnalité
obsessionnelle-compulsive par rapport aux données existantes
(cf. Cottraux J. La personnalité obsessionnelle (anankastique)
In: Féline A, Guelfi J., Hardy P. : Les
troubles de la personnalité, Flammarion, 2OO2).
Je
pense que cet instrument, bien qu'imparfait et toujours en
évolution, est la référence nécessaire aussi bien pour les
psychiatres les psychologues et les médecins. Sa
grande diffusion sous une forme abrégée permet aussi au patient
d'avoir accès au diagnostic auquel il a droit dans des termes
compréhensibles." (Dr Jean Cottraux Anxiety Disorder Unit, Hopital
Neurologique, LYON) (auteur de nombreux ouvrages).
Point
de vue du Docteur D Bourgeois, chef de service, hôpital d’Avignon.
"DSM :
Cette description sèche et démembrée s’oppose à la logique centrifuge
du modèle psychodynamique dialectisant le trouble de la personnalité
et les aménagements économiques du trouble, triangulant ces derniers
par la notion de caractère…" (auteur de "comprendre
et
soigner les états limites")
Questions
posées au conseil national de l'ordre des médecins français
Voici
les questions que nous avons posées
- Le médecin
psychiatre est-il aussi et avant tout un médecin ? (je suppose que
la réponse est oui sinon il perdrait toute légitimité par rapport à
un psychologue)
- Un médecin
psychiatre, a t'il comme tout autre médecin le devoir d'appliquer
dans son quotidien, le code de déontologie médicale et notamment les
articles 11, 33 et 35
- De ce fait et
quelle que soit sa propre opinion sur le DSM IV, un médecin
psychiatre peut il ignorer dans son quotidien et sa pratique
médicale avec son patient, le DSM IV (il y a eu plus de 40000
publications médicales scientifiques internationales ces 20
dernières années).
Réponse
du conseil de l'ordre du 27 février 2OO4 - Dossier
LJC/SB/PS/EDA/D.04.057.900
"En réponse à votre
courrier télématique du 17 février 2OO4, je vous confirme qu'un psychiatre est comme tout médecin tenu au
respect du code de déontologie médicale, dans toutes ses
dispositions
Quant au DSM IV, il
s'agit d'une classification des troubles mentaux accompagnée de
critères diagnostiques spécifiques pour servir de guide dans la
démarche diagnostique.
Mais ils ne
recouvrent pas l'ensemble des circonstances susceptibles de
justifier un traitement ni même la nature de ce traitement." (Docteur
Louis-Jean Calloc'h, secrétaire général, conseil national de
l'ordre des médecin)
AAPEL:Cela
ne
saurait être plus clair, la réponse est
sans appel !
- Il est bien
précisé"toutes ses
dispositions". Cela confirme
bien qu'un médecin psychiatre a notamment obligation
de diagnostic, obligation de fournir le traitement le plus
adapté et obligation d'être au courant de tous les progrès
de la médecine,
etc...
- Le
conseil de l'ordre précise de plus que le
DSM IV est une classification faite pour servir de guide
dans la démarche diagnostique.
Et comme de plus le psychiatre a obligation
de faire le bon diagnostic,
d'être au courant de tous les progres de la médecine et
l'obligation de fournir le traitement le plus
adapté... et comme cela est de fait impossible
sans utiliser "une classification pour servir de guide dans
la démarche diagnostique",
rappelons le, classification "internationale", cela confirme
bien que l'utilisation du
DSM n'est pas seulement souhaitable mais "obligatoire" pour
être conforme à la déontologie.
- Quant
au dernier point abordé par le conseil de l'ordre, il dit quoi
finalement, que "le DSM est
une condition nécessaire mais pas suffisante"
Plan
d'actions pour le développement de la psychiatrie et la promotion de
la santé mentale
"La psychiatrie est une discipline médicale qui
reconnaît des diagnostics décrits dans des classifications comme
la CIM 10 et le DSM IV,
auxquelles s’ajoute, pour la psychiatrie infanto-juvénile, la
classification française (CFTMEA). A ces diagnostics correspondent
des recommandations de bonne pratique qui, à partir d’un consensus
professionnel, proposent des conduites thérapeutiques que le
psychiatre adapte au cas particulier de chaque patient."...
"Bien
évidemment la présence d’un diagnostic est loin d’être suffisante
pour déterminer une attitude thérapeutique car elle ne décrit pas
suffisamment l’état du patient particulièrement pour les indications
de psychothérapie mais aussi pour nombre de décisions
thérapeutiques"...
- (Plan
d'actions pour le développement de la psychiatrie et la
promotion de la santé mentale par Philippe CLERY-MELIN, Vivianne
KOVESS, Jean-Charles PASCAL, Edition 5 du 28 10 2OO3 - Mission
confiée par Jean-François MATTEI , le 10 Février 2OO3)
Est-il possible de respecter la Déclaration de Madrid sur les
recommandations éthiques pour la pratique de la psychiatrie sans
utiliser les classifications du type DSM (ou CIM) ?
Merci de lire "déclaration de madrid" de l'Association mondiale de Psychiatrie
(WPA).
Nous pouvons y lire:
"...Les psychiatres
sont au service des patients en fournissant les
meilleures thérapeutiques disponibles conformes
aux
connaissances scientifiques admises et aux principes
éthiques... Il est du devoir des psychiatres de
suivre les développements scientifiques de la spécialité...
Il
est du devoir des psychiatres de fournir
au patient les informations pertinentes de
manière à lui donner la possibilité de parvenir à une décision
raisonnée et conforme à ses valeurs et préférences personnelles..."
"La psychothérapie
par des psychiatres est une forme de traitement pour des problèmes
mentaux et autres maladies et problèmes emotionnels... L'approche
utilisée doit être spécifiques à la maladie et les besoins du
patient... Par conséquent, le psychiatre ou les autres cliniciens
qualifiés délégués doivent déterminer les indications pour la psychothérapie et suivre son
développement. Dans ce contexte la
notion essentielle est que le traitement est la conséquence
d'un diagnostic et tous les deux sont des actes
médicaux exécutés pour prendre soin d'une personne malade..." (Guidelines
concerning specific situations, chapter "ETHICS OF PSYCHOTHERAPY
IN MEDICINE").
Si de plus nous
ajoutons les déclarations suivantes:
"...Un
diagnostic
indiquant qu'une personne est mentalement malade sera
déterminé selon les standards médicaux internationalement
admis. Les médecins, en déterminant si
une personne souffre de maladie mentale, doit le faire en accord
avec la science médicale..." (WPA Statement and Viewpoints
on the Rights and Legal Safeguards of the Mentally III - adopted
by the WPA General Assembly in Athens, l7th October, 1989).
Et pour terminer...
le site web du WPA comporte le "Programme d'enseignement WPA (WPA
EPs) Kit de formation ICD 10 - (en collaboration avec
l'OMS)"
Est-il
alors possible de se conformer à ces règles éthiques sans
utiliser le DSM et de fait, les résultats de plus de 40 000
études ? Je vous laisse la
réponse
Un autre point
fort interessant, c'est le fait que l'association française de
psychiatrie est membre du WPA (http://www. wpanet.org /generalinfo /members3.html).
Comment est il alors possible d'être d'un coté membre du WPA
et d'un autre coté clamer "... sont tentés d’imposer aux psychiatres
des classifications qui, bien que faisant consensus international,
ne sont pas pour autant des références scientifiques à retenir pour
notre pratique" ?
Bonne question !
Pourquoi
l'AAPEL ne parle quasi que du DSM et non de la CIM ?
Il
y a 2 raisons à cela:
-
Une, que ce n'est pas si "grave", en effet il y a une "table de
correspondance", une "compatibilité" entre les 2 outils DSM et CIM
(ICD). (vous pouvez lire ci-dessous le témoignage de D. Page)
-
L'autre est que dans les faits, la quasi totalité des publications
scientifiques se font sur les critères DSM, il semble alors de fait
"logique" de se baser sur les mêmes critères que ceux de la
communauté internationale.
Et
la Suisse ? Point de vue de D. Page, docteur en psychologie et
psychothérapeute responsable du service de psychiatrie adulte,
Hôpital de Prangins (Suisse)
"La Suisse privilégie actuellement l’utilisation
de la CIM-10(AAPEL:
C'est assez logique le CIM étant la classification de l'OMS dont le
siège est en Suisse) conformément à la décision prise par les
médecins chefs -psychiatres et psychothérapeutes FMH- par laquelle
elle a été établie calssification officielle des maladies mentales ; de nombreux professionnels travaillent aussi
avec le DSM-IV (TR), de manière parfois
simultanée à la CIM-10.
Tous les
professionnels de la santé mentale reçoivent une formation de base
en matière diagnostique ; seuls les médecins et les
psychothérapeutes (titre protégé par la loi helvétique et
attribué aux personnes ayant suivi un cursus universitaire en
psychologie, complété de quelques 1200 heures de formation
spécialisée dans une orientation psychothérapeutique choisie)
peuvent poser des diagnostics présentant une valeur médico-légale.
Dans ce contexte, l’utilisation de classifications
internationales telles que la CIM-10 ou le DSM-IV est
clairement généralisée.
Différents
avantages viennent renforcer cette utilisation :
Les
classifications internationales (DSM-IV ou CIM-10) permettent
d’utiliser des dénominations communes pour décrire des souffrances
complexes et multi-axiales
Les
classifications internationales décrivent, sur une base
phénoménologique, les manifestations des souffrances présentées de
manière relativement objectivable ; dès lors, la subjectivité du
soignant dans sa perception de la problématique est considérablement
limitée
Les
caractéristiques proposées pour les différentes souffrances
permettent d’établir une ligne de base à partir de laquelle il est
plus aisé de mettre en place un traitement adéquat et d’en mesurer
les effets
Les
descriptions proposées dans les classifications internationales
permettent aux patients d’identifier et de nommer leur souffrance,
ce qui produit à la fois le soulagement de ne pas être seul au monde
face à sa maladie et qui permet de constituer la base de l’alliance
de travail qui s’établira avec le thérapeute
Les
risques liés à l’utilisation du DSM-IV ou de la CIM-10 ? Pour
être honnête, je n’en vois aucun !
Par contre, s’il
existe un risque, il me semble être plutôt du fait des thérapeutes qui
en font l’usage… ou le mésusage ! Utiliser de telles classifications
sans les soumettre à l’approbation des patients, sans confronter leur
exactitude au vécu des personnes dont l’on cherche à dénommer la
souffrance, en serait un exemple. Considérer que les difficultés et
souffrances décrites via ces classifications représentent une vérité
immuable et sans changement possible en serait un autre exemple.
Utiliser des catégories diagnostiques au mépris de leur adéquation
avec la souffrance vécue par le patient serait un troisième exemple de
mésusage.
Les
classifications internationales sont et doivent être un outil
à la disposition du thérapeute et du patient pour cerner de la
manière la plus objective possible la souffrance vécue dans un
contexte donné, à un moment donné, par un individu donné.
Elles sont un outil clinique, thérapeutique et d’évaluation aussi
bien de l’évolution du patient que de l’efficacité du traitement."
(Dominique Page, Responsable du Service
Psychologique HPP - Prangins Suisse)
(a traduit en
langue française et en collaboration avec le Dr. Wehrlé les deux
ouvrages de Marsha
Linehan sur la thérapie comportementale dialectique des
troubles de personnalité état-limite)
Mais
pourquoi tant de «haine» envers ce fameux DSM mondial par une frange
de la psychiatrie française ?
- Je pense que
c’est une guerre idéologique que se livrent les français (je
schématise, bien sur, il existe de très nombreux médecins
psychiatres français, qui sans renier le passé, ne rejettent pas
le DSM)
- La France est
le berceau de la psychanalyse qui a apporté une vision «humaniste»
des problèmes psychiques. La base étant la «névrose» et la
«psychose» de Freud.
- Il se trouve
que «les américains» (la encore je schématise) ont à la base
chercher à gommer l’aspect «psychologique» pour se concentrer sur
l’aspect «biologique et neurologique» des troubles psychiques.
- Des idéologues
de chaque bord se lancent des «vous niez l’esprit humain» contre des
«vous niez la science».
- Tout être doué
d’un minimum de raison est obligé de reconnaître qu’un être humain
est la fois corps et esprit. Celui qui nie la notion d’esprit,
autant que celui qui nie la notion de corps est à mon avis en train
de nier l’humain.
- Du moment où
des français ont ressentis comme «dédaigneuse» et « arrogante»
l’attitude des américains (reconnaissons qu’ils sont assez fort
dans ce domaine), une grande partie de la profession a
totalement rejetée mais dans son
intégralité le DSM.
- Je crains que
de nombreux patients français n’aient pas finis d’en payer le coût
exorbitant et que sous prétexte de «protéger» des acquis, de
nombreux psy n’aient fait que nous enfoncer dans une spirale
infernale.
- La vérité du
moment (et il suffit de relire les propos de l’association
française de psychiatrie), est que le DSM semble ne pas être
le bienvenu en France !
- Le problème est
qu’il est matériellement impossible de rejeter le DSM sans se priver
des dizaines de milliers d’études scientifiques qui s’appuient sur
celui ci !
- Libre à tout un chacun de donner sa
confiance à un médecin qui utilise le DSM comme outil diagnostic ou
de donner sa confiance à un médecin qui le rejette intégralement
Alain Tortosa
Fondateur de
l’association AAPEL
Vous pouvez aussi lire
les pages
Déclaration
de madrid, psychiatrie et éthique
Droit
à
la maladie et à la dignité - déstigmatisation.
Parler
du
trouble à son psy.
A-t-on le
droit
de poser la question de la formation et de la compétence
des psys ?
Code de déontologie
des médecins, droit à l'information et
au diagnostic.
"L'état limite" dans
les Affections de Longue Durée (ALD)(France).
Code
déontologie
de l'aapel.
Pour ceux qui
voudraient commander l'ouvrage "le
DSM" en français.
Droit
au diagnostic et à l'information, charte des droits du patient,
pétition - voir site deontologie.org
.
Ouvrages
sur le trouble
.
.
Mise en
garde:
Toutes les
informations présentes sur ce site sont dans le but d'aider à
comprendre une maladie pour
le moins "particulière" et déroutante
Mais aussi
et surtout à soutenir les personnes qui souffrent, malades ou pas.
En tous les cas, il est INDISPENSABLE d'avoir recours à un médecin
psychiatre et ou psychothérapeute spécialiste de la maladie pour confirmer ou infirmer un diagnostic
Quoiqu'il en
soit le nom d'une maladie importe peu, ce qui compte, c'est
d'appliquer le "bon" traitement à chaque malade
.
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Dernière mise à jour 2020.
(création 16
février 2004)
www.aapel.org/dsm
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